Projet de design objet.

Le projet de lampe Suzanne est l’aboutissement d’une réflexion que j’ai menée sur le rapport entre la lumière et le geste. Faire varier la lumière est une question centrale dans nos intérieurs, tant le rythme et la variété des activités domestiques exigent de pouvoir adapter rapidement et instinctivement l’ambiance lumineuse dans l’habitat.

À contre-pied des solutions techniques qui ont recours aux dispositifs électroniques et aux capteurs (télécommandes, variateurs, séquences programmées), mon intention est de redonner une épaisseur à la lumière et de permettre à l’individu de tisser un rapport physique et visuel avec la lumière par son geste.

J’ai centré mes recherches sur les systèmes mécaniques produisant une extension / une contraction. Parmi ceux-ci, les treillages en X utilisés pour les plantes grimpantes ont retenu mon attention, car les gestes pour ouvrir et pour fermer la structure sont symétriques l’un de l’autre. En coudant les éléments de la trame, il est possible de former un treillis qui boucle sur un plan et fonctionne comme un diaphragme. Prolongé par une structure verticale, ce treillis forme un volume dont l’ouverture est variable.

D'un geste, l’utilisateur déploie le volume en ajustant l’ouverture.

Partant de ce principe, j’ai essayé d’imaginer différentes manières d’habiller cette structure. J’ai identifié des motifs dont la longueur ne varie pas (ou très peu) lorsque l’on module l’ouverture : sur ces motifs, j’ai expérimenté des habillages textiles en jersey et des habillages papier. Le matériau et la façon d’habiller la structure modulent eux-mêmes l’aspect de l’objet et la matière lumineuse.

habillage textile (matériau extensible à 5%) → textiles (coton, nylon...) tricotés en jersey

habillages papier → papier japonais, papier iridescents, papiers sérigraphiables (PEHD)

Les habillages modulables prennent appui sur les axes, sans qu’il y ait besoin de démonter la structure.

Ce principe de mise en forme donne la possibilité, pour l'éditeur, de créer des gammes d’habillage vendues séparément et, pour l'utilisateur, de confectionner de nouveaux habillages selon des patrons simples.

Au-delà de l’intention première portant sur le geste et la lumière, ce projet met en valeur un principe de montage et des possibilités de personnalisation que je me suis efforcé de souligner en imaginant la boîte qui contiendrait le kit de cette suspension ainsi que les gammes d’habillage qui l’accompagnent.

La structure est composée de deux rosaces reliées par des tourillons verticaux.

Les photos ci-dessous retracent les différentes étapes de conception et de prototypage de la lampe Suzanne :

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Prototype de lampe à ouverture modulable réalisée dans le cadre d'une initiative personnelle à l'ENSCI –Les Ateliers (juillet 2012).